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Dieu est-il un gaucher qui joue aux dés ?
Histoire drôle, mais vraie, de la découverte de l'univers,
et des environs.
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Dieu tout puissant et la souffrance.
Saint Augustin, le péché originel.
La souffrance d'un enfant ; Dieu est tout puissant... ... trouvez l'erreur !
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(...)
(...)
(...)
La prédestination.
Les bêtises de Pinocchio.
La première difficulté que soulève la toute-puissance
de Dieu concerne notre libre-arbitre.
Si nous avons en effet la liberté de disposer librement de nous-mêmes,
cela signifie cette chose effarante, que l'avenir est pour Dieu aussi imprévisible
qu'il l'est pour nous. Nous sommes les acteurs-improvisateurs d'une immense
pièce cosmique, dont personne ne connaît le dénouement
à l'avance, pas même le créateur-auteur-décorateur-metteur
en scène - aussi débordé par ses personnages que le
vieux Geppetto était débordé par les bêtises
de Pinocchio. Chaque matin que Dieu fait, il lui faut donc se pencher au
balcon du ciel, et regarder le monde avec curiosité, impatience,
inquiétude peut-être. Que sera ce nouveau jour ? Que feront
ces diables d'hommes ? Céderont-ils au mal pour dévaliser
leur prochain, ou au contraire partiront-ils sur les routes et les chemins
pour secourir la veuve et l'orphelin ? Il lui faudra attendre, comme le
commun des mortels, le journal télévisé du soir pour
apprendre ce qu'il en aura été.
Chômage technique !
Imaginons par exemple que les hommes déclenchent demain une
guerre nucléaire ;
hypothèse qui n'est pas totalement invraisemblable...
Et imaginons que toute la création soit anéantie jusqu'au
dernier homme ;
hypothèse qui n'est pas totalement invraisemblable...
Dieu se retrouverait de la sorte... en chômage technique ;
(ça n'arrive pas qu'aux autres.)
On peut se demander si dans une telle éventualité - pas totalement invraisemblable... - Dieu referait le monde de nouveau, à l'identique, avec les mêmes vices de fabrication qu'aujourd'hui ; ou s'il profiterait de l'expérience acquise - à nos dépens - pour améliorer son prototype.
Je ne voudrais pas m'immiscer, mais ce serait sans doute bonne politique de concertation, que de lancer au préalable une vaste enquête auprès des utilisateurs qui ont testé le premier modèle, afin de recueillir leurs avis. Pour ma part, si je peux humblement me permettre, je dirais que l'idée de faire un monde, avec la vie, les plantes, les animaux, l'homme, tout ça, était assez bonne - et que l'expérience mérite d'être poursuivie [N1] ; mais avec quelques modifications. Par exemple, je Lui suggèrerais de ne pas refaire les tremblements de terre ; ils ne servent vraiment à rien, quoi qu'ait pu en penser Leibniz. [N2]
Bien entendu, il ne faut surtout pas refaire le serpent, on a déjà assez donné. Et pour plus de précautions, puisque peut-être tout à commencé par là, ne refaisons pas les pommes non plus, on ne sait jamais. Je les regretterai, car je les aimais bien, mais la sécurité est peut-être à ce prix.
Les moustiques, je suis d'avis de ne pas recommencer l'expérience ; ni les boutons d'acné juvénile. Les roses, c'était pas mal, on peut les reprendre ; mais sans les épines évidemment. Et pourquoi ne les faire vivre que " l'espace d'un instant " ? Et pourquoi ne pas en faire quelques-unes bleues, juste pour voir ?
Le sexe, c'était une des réussites du premier prototype, il faut reprendre l'idée, absolument. Avec quelques améliorations ; supprimer toutes les préventions psychologiques qui parfois l'entouraient ; et évidemment, le désolidariser de la procréation. Il suffira d'imaginer autre chose, je Lui fais confiance. En ce qui concerne la procréation, justement, il était vraiment totalement inutile de faire " enfanter dans la douleur " ; très mauvaise idée, à ne pas reprendre.
Et pourquoi ne pas inclure directement le déodorant dans la transpiration ? Pour Lui ça ne doit pas être trop difficile à faire ; ce sont là de toutes petites choses, auxquelles on ne pense pas dans les sphères éthérées... mais quand on prend le métro ou le train-couchette...
C'est écrit.
Il est difficile d'imaginer que Dieu ne sache rien à l'avance d'un
événement aussi considérable que la disparition de Son monde, et découvre le
spectacle en direct-live avec consternation. On a déjà connu
le cas de ces généraux qui avaient perdu leur armée
; on en a même fait un film. On serait ici dans une situation plus
extraordinaire encore, totalement inédite, celle d'un créateur
ayant perdu ses créatures, désespérément
seul face à une création vide.
... Et radioactive !
S'il fallait faire un film de cette extraordinaire aventure, le créateur,
seul rescapé, serait évidemment le seul à pouvoir
la mettre en scène ; il aurait évidemment quelques difficultés
pour trouver des figurants...
Il en serait aussi le seul triste spectateur...
Pour saint Augustin, il s'agit là d'un scénario qui
ne peut naître que dans un esprit pervers, malade, ou ignorant ;
suivez mon regard... Dieu en effet n'a pas besoin de regarder sa télévision
céleste pour connaître les dernières nouvelles, puisque
c'est lui qui fait l'actualité ; il tire toutes les ficelles, et fait la pluie et le beau temps comme il lui plait. Il connaît
donc tout, du passé, du présent, et de l'avenir ; il sait dès le matin quel sera le journal du soir ; il sait
à l'avance tout ce que nous ferons, tout à l'heure, demain,
tout le temps : c'est-à-dire que nous sommes prédestinés,
que notre destin est déjà tracé dans le ciel ; c'est
écrit :
" Pour ce qui est
d'être assis à ma droite et à ma gauche, dit Jésus,
cela ne dépend pas de moi et ne sera donné qu'à
ceux à qui mon père l'a réservé "
(Matth.,
XX, 23)
" Nous savons du reste
que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui
sont appelés selon son dessein. Car ceux qu'il a connus
d'avance, il les a aussi prédestinés à
être semblables à l'image de son fils... "(Rom.,
VIII, 28-30)
" Travaillez à
votre salut avec crainte et tremblement... car c'est Dieu qui produit en
vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir. "(Philipp.,
II, 12)
La question de la prédestination fera l'objet d'un
débat très dur entre le moine Pélage et saint Augustin.
(...)
(...)
(...)
La souffrance.
La toute-puissance de Dieu posait également le
problème de la souffrance : comment expliquer que ce Dieu tout-puissant
et infiniment bon, ait pu créer un monde dont la terre tremble,
dont les rivières débordent, où la maladie cruelle
peut frapper à tout moment, y compris les jeunes enfants innocents
? Il n'y avait pas d'explication ; même les Écritures - qui habituellement avaient réponse à tout - avaient renoncé. Elles racontaient les lamentations de Job, incapable de comprendre pourquoi tant de malheurs l'écrasaient, lui, le juste, mais qui réaffirmait quand même sa confiance aveugle au Dieu qui l'accablait si cruellement :
« Périsse le jour qui me vit naître
et la nuit qui a dit : « Un garçon a été conçu. »
Ce jour-là, qu'il soit ténèbres,
que Dieu, de là-haut, ne le réclame pas, [...]
Pourquoi ne suis-je pas mort au sortir du sein,
n'ai-je péri aussitôt enfanté ?
Pourquoi s'est-il trouvé deux genoux pour m'accueillir,
deux mamelles pour m'allaiter ?
Maintenant, je serais couché en paix,
je dormirais d'un sommeil reposant, [...]
Que Lui consente à m'écraser,
qu'il dégage sa main et me supprime !
J'aurais du moins cette consolation,
ce sursaut de joie en de cruelles souffrances,
de n'avoir pas renié les décrets du Saint. » (Livre de Job.)
Une M.S.T. d'enfer.
Saint Augustin avait eu dans sa jeunesse un flirt très
poussé, pendant neuf ans, avec la secte des manichéens, secte
fondée par le Perse Mani (environ 216/277). Le problème de
la souffrance, du mal d'une manière plus générale,
y était élégamment résolu, puisque selon Mani,
le monde résultait de la lutte de deux puissances, celle de la lumière,
source du bien, et celle des ténèbres, source de tout mal.
Lorsque saint Augustin se convertit au christianisme et
à son Dieu - unique, tout-puissant et infiniment bon - il lui fallut
reprendre le problème à zéro ; il n'était plus
concevable en effet que le mal fût l'oeuvre d'un quelconque Satan,
puisque ce Satan lui-même n'eût pu être que l'oeuvre du
Dieu unique et infiniment bon. Qui oserait soupçonner l'ingénieur
divin d'avoir commis une telle bévue, d'avoir laissé se glisser
une telle erreur de conception dans son projet de création ?

" Si c'est le diable
l'auteur, d'où vient-il lui-même [N3]
? "(Confessions, VII,3)
Pourtant la souffrance injuste
existe[N4] ; saint Augustin était particulièrement frappé
par la souffrance des jeunes enfants : " Quand on en vient aux peines des enfants, je suis dans un grand embarras et ne sais que répondre ; [...] Dieu est bon, Dieu est juste, mais qu'on nous dise alors pour quel motif les enfants sont condamnés à souffrir tant de maux. "
Mais alors, si ce n'est le diable, si ce n'est Dieu, que reste-t-il ? Le regard de saint Augustin balaya les alentours, et s'arrêta naturellement sur ce qui restait : l'homme ; et la femme. Ceux-ci pourtant essayaient de passer inaperçus, se faisant tout petits, jouant à l'innocent, faisant mine de s'intéresser à autre chose, regardant le ciel d'un air inspiré tout en sifflotant ; hélas, ces feintes enfantines étaient vaines, car il ne restait plus qu'eux comme responsables acceptables.
C'est ainsi que saint Augustin fut amené à élaborer la stupéfiante
théorie du péché originel : la faute du premier homme
ayant profondément irrité le dieu créateur de toutes
choses, celui-ci, tel un parrain sicilien, aurait lancé une impitoyable
vendetta sur la création. Non seulement le désordre, la souffrance,
et la mort, furent introduits dans le monde[N5],
mais la nature même des hommes devint pécheresse [N6] : de ce moment,
les hommes naquirent déjà pécheurs avant même
d'avoir sucé le sein de leur mère, déjà coupables,
héritant tous de
la faute d'Adam comme d'une maladie contagieuse. Et quelle maladie ! Une maladie honteuse, une maladie
sexuellement transmissible, une M.S.T. C'est en effet par la génération
charnelle que la faute est transmise de père en fils, et de mère
à fille : "
l'infection du péché originel apparaît dans le mouvement
des organes génitaux ". "c'est le désir charnel qui transmet le péché originel
aux descendants ".[N7]
C'est ainsi que saint Augustin, dont la jeunesse fut passablement dissolue, devint avec l'âge le "père la pudeur" qui inocula durablement dans l'Église l'aversion primaire des choses du sexe ; car si le sexe est le vecteur du péché originel, comme le rat est vecteur de la peste et le moustique vecteur de la malaria, comment ne pas fuir et combattre le sexe par tous les moyens, comme nous fuyons et combattons les rats et les moustiques...
Saint Augustin, le DDT du sexe !
Coupables !
Nous naissons déjà coupables ! Face à l'insondable problème de la souffrance, il fallait sans doute une réponse aussi stupéfiante ; et aussi stupéfiante qu'elle soit, il faut "faire avec", sinon la souffrance injuste est incompréhensible.
... Quoique, même avec...
Le génial Pascal s'était résigné à "faire avec" :
" Il est sans doute qu'il n'y a rien qui choque plus notre raison que de dire que le péché du premier homme ait rendu coupables ceux qui, étant si éloignés de cette source, semblent incapables d'y participer. Cet écoulement ne nous paraît pas seulement impossible, il nous semble même très injuste ; car qu'y a-t-il de plus contraire aux règles de notre misérable justice que de damner éternellement un enfant incapable de volonté, pour un péché où il paraît avoir si peu de part, qu'il est commis six mille ans avant qu'il fût en être ? Certainement rien ne nous heurte plus rudement que cette doctrine ; et cependant, sans ce mystère, le plus incompréhensible de tous, nous sommes incompréhensibles à nous-mêmes. Le noeud de notre condition prend ses replis et ses tours dans cet abîme ; de sorte que l'homme est plus inconcevable sans ce mystère que ce mystère n'est inconcevable à l'homme. "
" Il faut que nous naissions coupables - ou Dieu serait injuste. "
Stendhal trouvera beaucoup plus simple : " La seule excuse de Dieu c'est qu'il n'existe pas. "
On pourrait penser qu'il est inutile de discuter des conceptions de saint Augustin, si antiques, si dépassées, et que les hommes ont certainement trouvé mieux depuis ces temps reculés. Hélas non, ces conceptions ne sont pas dépassées. Elles inspireront plus tard la Réforme (Luther, Calvin) et le
jansénisme de Port-Royal ; et elles étaient encore présentes
dans l'esprit de Pie XII en 1950 - c'était hier - lorsqu'il rédigeait
l'encyclique Humani Generis :
" ... le péché
originel, péché qui tire son origine d'un péché
vraiment personnel commis par Adam et qui, transmis à tous par la
génération, se trouve en chacun et lui appartient"
Il est intéressant, surprenant, de noter que Pie XII rappelait cette théorie pour une raison qui n'a rien à voir avec le problème de la souffrance, en apparence, une raison... paléontologique !
Pie XII voyait en effet avec inquiétude les savants préciser petit à petit l'arbre généalogique de l'humanité, avec toute la faune des australopithèques, des sinanthropes, des proconsuls, des gigantopithèques, des homo robustus et autres ; avec inquiétude, car il ne semblait plus évident que tous les hommes descendaient du même ancêtre. Catastrophe ! ! Car si nous ne descendons pas tous du même Adam, nous ne sommes donc pas tous souillés par le péché originel d'Adam... et nous ne savons plus pourquoi la souffrance existe ! Il était donc absolument nécessaire, pour Pie XII, de rappeler que toute l'humanité était issue d'un seul couple originel, un couple d'affreux pécheurs :
" Quand il s'agit de l'autre hypothèse qu'on appelle le polygénisme [...] les fidèles ne peuvent embrasser une doctrine dont les tenants soutiennent, ou bien qu'il y a eu sur terre, après Adam, de vrais hommes qui ne descendent pas de lui par génération naturelle comme du premier père de tous, ou bien qu'Adam désigne l'ensemble de ces multiples premiers pères. On ne voit, en effet, aucune façon d'accorder pareille doctrine avec ce qu'enseignent les sources de la vérité révélée et ce que proposent les actes du magistère ecclésiastique sur le péché originel, péché qui tire son origine d'un péché vraiment personnel commis par Adam et qui, transmis à tous par la génération, se trouve en chacun et lui appartient. "
C.Q.F.D ! Il n'y a donc pas eu de polygénisme ; paléontologues et savants de tous pays rentrez chez vous, il est inutile de chercher, de gratter la terre, de passer des jours et des nuits à étudier quelques fragments d'os, car par un raisonnement génial et absolument incontestable, avec rien dans les mains et rien dans les poches, Pie XII nous a déjà donné la réponse.
Une vraie réponse.
Toutefois, il est vrai que depuis très peu,
la théorie du péché originel a terriblement vieilli, et n'a plus bonne presse "officiellement" -
même si les fidèles ne sont pas encore tous au courant, et continuent imperturbablement à répondre que le péché d'Adam - et Eve - est la cause de toutes nos souffrances. Quoi qu'il en soit, la théorie n'étant vraiment plus crédible, nous
sommes donc revenus à la case départ : comment expliquer
la souffrance des enfants ?
Le chapitre "pourquoi y a-t-il des enfants handicapés
?" d'un livre édifiant pour enfants, "
dès 8 ans ", nous livre peut-être
la réponse :
"
- Papa, tu savais que Julie avait un frère handicapé ?
(...)
- Mais pourquoi il
est né comme ça, pourquoi ? Est-ce que Dieu s'est trompé
? Pourquoi c'est tombé sur lui ?
- Je n'ai pas de réponse,
ma chérie, malheureusement...
- C'est trop injuste.
Peut-être que Dieu s'en fiche !
- Personne ne peut
expliquer un malheur pareil (...) "
Le livre édifiant qui donne des réponses
aussi éclairantes s'intitule
"Et qui donc est Dieu ?
150 réponses à des vraies questions d'enfants."
(Bayard
éditions)
On vient de lire l'une des 150 réponses de ce
livre édifiant...
On vient de lire la réponse à la plus
importante de toutes les "
vraies " questions, la seule qui exige une
"vraie " réponses : comment se peut-il que naissent des enfants
handicapés, condamnés dès la naissance à souffrir
et à mourir prématurément ?
La "vraie" réponse obscure à cette
"vraie" question décisive est : "
Je n'ai pas de réponse " ! ! !
Il faut se rendre à l'évidence: le problème
de la souffrance injuste est un infernal trou noir, qui aspire et étouffe
irrésistiblement les interrogations... et dont il ne ressort
aucune lumière, aucune réponse !
Du moins, tant que l'on se refuse d'ajouter quelques gros grains de hasard dans la recette de la création.
Une le matin, à la naissance...
Le péché originel est une infection
très grave, devant être traitée au plus tôt.
Non soignée, elle entraîne inévitablement les plus
affreuses complications, qui aboutissent toujours à la pire des
issues fatales : l'enfer.
Heureusement, Dieu infiniment bon
avait imaginé une potion souveraine contre cette terrible infection
;
une sorte de cure thermale pouvant se pratiquer le long de certains fleuves
; le Jourdain par exemple. En l'absence de fleuve, ou pour faire plus vite,
on pouvait aussi opter pour la formule économique, qui avait l'inconvénient
de mal se distinguer des remèdes de bonne femme, mais qui était
tout aussi efficace. La formule combinait les effets de d'eau, du sel,
et de certaines huiles, le tout à prendre selon les prescriptions
des docteurs de Rome, les meilleurs spécialistes en ce domaine :
généralement, une seule dose le matin à la naissance.
La cure était appelée baptême.
Il suffisait donc d'appliquer le traitement aux nouveaux-nés.
Mais il fallait le faire au plus tôt, coûte que coûte,
pour leur éviter les terribles complications et l'enfer éternel.
...Il en a beaucoup coûté :
" ... En raison de
l'absolue nécessité du baptême, les accouchements difficiles
donnaient lieu parfois à de véritables boucheries pour extraire
l'enfant (...) En 1831, en Ille-et-Vilaine, un scandale de ce genre éclate
à La Guerche ; le sous-préfet déclare que ce sont
là "des opérations fréquentes dans l'arrondissement".
L'évêque de Rennes refuse de les interdire, car, dit-il, il
"se
rendrait responsable de la perte d'un enfant mort ainsi sans secours".
Dans un ouvrage en latin, Solis presbyteris et diaconibus, l'évêque
du Mans, Mgr Bouvier, recommandait, en cas d'accouchement difficile, d'ouvrir
la mère, morte ou vive, en se servant de préférence
d'un rasoir, mais de garder le fait secret... " (Georges
Minois "L'Eglise et la science - Histoire d'un malentendu" - Fayard - Volume
II, page 214)
Cela se passait en 1831 ; c'était hier...
Il n'est donc pas étonnant qu'il en reste encore
aujourd'hui d'horribles faits-divers, comme la lamentable histoire du curé
d'Uruffe en Meurthe-et-Moselle : le 3 décembre 1956, c'était
ce matin, ce curé avait tué sa maîtresse de 19 ans,
enceinte de lui.
L'histoire ne s'arrête pas là : au moyen
d'un couteau, le curé d'Uruffe pratiqua une césarienne sur
le cadavre... afin de baptiser le bébé... avant de le tuer
lui aussi !
C'était en 1956. On avait déjà inventé
la télévision, Zappy Max et le crochet radiophonique, le
rock & roll, et on était sur le point de découvrir les
cheveux longs, le pantalon pat'd'eph[N9], et les Beatles ; pas de doute, on était moderne.
Il en reste également un débat très
actuel dans certains milieux : faut-il baptiser les embryons humains congelés
? Et plus surréaliste encore : faut-il les décongeler pour
la cérémonie ? (sachant qu'il ne faut jamais recongeler un
produit décongelé, tous les emballages de pizza surgelées
le rappellent). Pas de doute, on est moderne.
Il en reste surtout dans les sociétés
occidentales, le sentiment diffus que nous sommes tous d'affreux pécheurs, et que les malheurs du monde ne viennent que de nos
faiblesses et de nos fautes.
Même lorsque de toute évidence nous n'y
sommes pour rien.
Les guerres, nous en sommes responsables bien entendu ;
mais nous n'y sommes vraiment pour rien lorsque la terre
tremble, que les rivières débordent, que les volcans vomissent,
ou que la peste attaque.
Et surtout, nous n'y sommes pour rien dans la pire des
maladies qui soit, barbare, dégradante, avilissante, celle qui rattrape
inexorablement les rescapés des malheurs précédents
: la vieillesse.
Le paradis des grandes plaines éternelles...
Et que dire des pauvres "sauvages" au fond de leur île, qui n'avaient
pas eu la chance salutaire de recevoir la visite d'un missionnaire-baptiseur
? Ils n'étaient pas baptisés ? Alors, en enfer, droit en
enfer, sans passer par la case départ et sans recevoir 20 000F !
Un enfer que, jusqu'à ce qu'ils y entrent, ils ne connaissaient
ni d'Eve ni d'Adam. !
On peut imaginer la surprise de ce sauvage lors de
son premier contact infiniment brûlant avec le monde chrétien.
Le sorcier du village lui avait dit qu'il allait rejoindre les grandes
plaines des chasses éternelles, couvertes de hautes herbes que le
vent agite et de fleurs, habitées d'un gibier abondant et facile, bercées
du murmure des ruisseaux rieurs.
Mais voilà, à peine a-t-il poussé
la porte du paradis, qu'une bouffée d'air brûlant le frappe
au visage !
Et cette odeur de chair brûlée, quelle horreur
! Est-ce là cette délicieuse brise des prés qui lui
était promise ? Et l'herbe, les hautes herbes des grandes plaines,
où sont-elles ? Pas le moindre brin, mais à la place, un
sol de cendres, et un immense brasier infernal là-bas, tout au fond.
Et cet étrange personnage à la queue pointue et au bonnet
rouge, que me veut-il ? Mais... que fait-il ? ... mais... il me pousse
de son infernale fourche vers l'infernale fournaise... au secours ! Grand
sorcier, à l'aide !
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Papiers ?
Il vécut dignement.
Il mourut noblement.
C'était un brave.
Le sorcier du village lui avait dit
qu'il s'envolerait tout droit
vers le territoire merveilleux des chasses éternelles,
un monde d'herbes épaisses et de ruisseaux rieurs,
de fleurs et de gibier.
Mais, après le check-in, il se retrouva,
très étonné,
devant un poste de contrôle
de la police de l'air et du ciel.
Le fonctionnaire casquetté demanda : "Papiers ?"
... ? Que diable voulait-il ?
Le fonctionnaire insistait : "Papiers de baptême ?"
... ?
Le brave n'avait pas ses papiers de baptême ! !
Rien à faire ;
Le fonctionnaire casquetté,
inflexible,
indiqua la sortie de gauche ;
la sinistre.
Au loin, on entendait crépiter
un infernal brasier.
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NOTES:
[N1] : Schopenhauer avait trouvé le premier prototype si détestable, qu'il avait refusé de procréer ; il conseillerait probablement de ne pas renouveler l'expérience.
[N2] : Leibniz, l'inventeur du "meilleur des mondes", considérait que les tremblements de terre donnaient une magnifique occasion aux sauveteurs de montrer leur dévouement.
[N3] : La puissance maléfique
selon Mani ne doit pas être confondue avec Satan :
La puissance de ténèbres
de Mani est une puissance de première main, autonome, existant par
elle-même ;
Satan au contraire est une puissance
de seconde main, créée par quelqu'un
d'autre ; créée par Dieu.
[N4] : En la qualifiant
d'injuste je ne veux pas laisser entendre qu'il en existerait de juste.
[N5]
: " Parce que tu as écouté
la voix de la femme et que tu as mangé le fruit de cet arbre défendu,
le sol sera maudit. C'est dans la peine que tu en tireras ta nourriture
tous les jours de ta vie. La terre fera germer pour toi épines et
chardons, et tu n'obtiendras ta nourriture qu'en cultivant des champs.
C'est à la sueur de ton visage que tu gagneras ton pain jusqu'à
ce que tu retournes à la terre d'où tu fus tiré. Car
tu es poussière, et tu retourneras en poussière ! "
(Genèse III, 17-19)
[N6] : " Pécheur ma mère m'a conçu." (Psaumes, 51,7)
[N7] : Quelques siècles plus tard, Saint Thomas enfoncera le clou : " L'infection
du péché originel [est causée] par le péché
du premier père, au moyen de la génération charnelle
".
[N9] : "Patte d'éléphant".
Précision pour ceux qui n'ont pas connu le monde merveilleux des
Beatles et des pat' d'eph.
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TABLE DES MATIERES
I. Introduction.
II. Les personnages.
III. Les premiers philosophes, les "Présocratiques".
Les milésiens, philosophes de la nature.
La fin des mythes ?
Le changement, l'être, l'esprit, l'atome et le hasard.
IV. La période classique.
Les Sophistes - Socrate - Platon.
Les sophistes.
Platon
Aristote.
Aristote, Platon, Parménide, et les autres.
Le monde d'Aristote.
L'influence d'Aristote.
V. La période hellénistique et romaine.
Et le bonheur dans tout ça ?
Epicure.
Le stoïcisme.
Le doute et la pose.
VI. Le Moyen Age.
Saint Augustin.
La prédestination.
La souffrance.
Sans limites ?
La Grande Coupure.
Après l'an mille.
Le Moyen Age n'est pas mort.
VII. Un nouveau monde.
Des hommes nouveaux dans un nouveau monde.
L'héliocentrisme - la naissance de la physique
classique.
La révolution copernicienne.
Copernic - Kepler.
Galilée. [lire
des extraits]
Le vrai débat.
Le principe d'inertie.
Newton.
L'univers est-il infini ?
Einstein.
La révolution mécaniste du XVIIe siècle.
Une révolution culturelle.
Nous, les machines ?
VIII. Enfin l'incertain fut !
Un enfant étonnant et contestataire.
Le décodage des Ecritures.
L'apprenti-sorcier.
La fin des certitudes ?
L'incertain débusqué.
Nostalgie de l'illusion.
Orphelin de certitudes.
Le théorème de Dieu.
De l'illusion à la violence.
IX. De Galilée à Darwin.
Rationalistes et empiristes.
Descartes.
La métaphysique classique.
Les empiristes - Hume.
Kant
X. La nature se dévoile.
L'évolution des espèces - Darwin.
La matière et la vie.
La chimie de la vie.
La vie de la vie. [lire des extraits]
La génération spontanée, ou la
vie de la matière.
L'homme descend du singe !
Le point sur la théorie.
Les créationnistes : le Moyen Age bouge encore
!
Hasard contre intelligence.
Entre la bête et l'ange - l'homme évolué.
La physique moderne.
La relativité - Einstein.
Le big bang.
La découverte du big bang.
[lire des extraits]
La colonisation du big bang - Questions de temps !
La mécanique quantique.
" Aucun phénomène n'est réel
tant qu'il n'est pas observé. "
Le hasard dans la science !
[lire des extraits]
La colonisation de la mécanique quantique -
Les mythes sont de retour !
Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien
?
[lire des extraits]
La machine humaine ?
XI. Et le monde fut.
Matière ou esprit ?
L'univers esprit.
Une réponse... qui pose des questions !
Un créateur discret et paresseux.
Foi et raison.
L'univers matière.
La création et la créature.
Le monde imparfait.
La multitude.
Le bon vieux temps... c'est aujourd'hui !
L'homme ancien - La bête humaine.
(512 pages.)
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